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Le FMI et DSK par la pratique : l'Ethiopie et France Télécom
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Le FMI et DSK par la pratique : l'Ethiopie et France Télécom
(Il pleut, il mouille... donc voilà ce soir j'ai pris le temps d'écrire un petit article sur une info que j'avais simplement signalée à Rue89, il y a qq temps, avec traduction de certains passage en anglais, et mise en contexte avec ce qui se tramait depuis qq années)
Petit rappel en préambule pour comprendre la suite : non, contrairement à l’image qu’on a fait entrer dans les crânes à grand renfort de charity business à la Kouchner, l’Ethiopie n’est pas un pays « désertique remplis de crève-la-dalle », mais un pays qui, bien que restant "pauvre" , se voit attribuer des perspectives de « croissance » à deux chiffres depuis quelques années.
Ce qui en déroutant certains sachant que ce pays ne fait pas partie de l’OMC, et que le FMI n’y a pas (disons, pas encore) finis son sale boulot de sape qui consiste à vendre les services publics, les télécoms, les secteurs bancaires et d’assurance de la majeure partie de cette planète.
En aparté au passage : il ne s’agit absolument pas ici de faire l’éloge de Zenawi, une petite ordure par ailleurs qui sait très bien bâillonner l’opposition, faire tirer sur la foule, tout en obéissant au doigt et à l’œil au gouvernement des Etats-Unis lorsqu’il s’agit d’intervenir militairement chez son voisin somalien, comme l’a très récemment révélé Wikileaks.
Bref, de telles perspectives de croissance, ça ne pouvait pas laisser indifférent nos gentils amis de la finance qui ne manquent pas de faire des pieds et des mains depuis des années pour forcer ce pays à libéraliser les secteurs encore sous contrôle de l’Etat. (Mais voyons, petit couillon ! C’est le bonheur au bout du tunnel, qu’on t’ dit ! Promis… Enfin priomis après le nôtre, hein…)
Faut croire que les 10 milliards sorties de ce pays à travers les paradis fiscaux ça ne leur a visiblement pas suffit (Source : GFIP).
* Mars 2009-Mars 2010 : l'OMC et les Etats-Unis
La résistance du petit village face au gouvernement américain et aux institutions financière, ça a duré un moment, jusqu’au jour où…
* Novembre 2010
... à force d’insister, voilà le premier pas : le pays décide de céder ses télécoms alors propriété de l’Etat.
Et, cocorico, oooh les chanceux ! C’est une entreprise française (remarquée ici pour son soucis permanent du bien-être de ses employés , surtout l’an dernier) qui remporte le juteux contrat.
Ca y est, on y est, à deux pas le bonheur !
* Février 2011
Certains commencent à se demander à qui profitera cette manœuvre…
Et puis…
il n’aura pas fallu longtemps avant de comprendre ce qui signifiait libéraliser les télécoms. Il aura fallu à peine 4 mois pour voir France Télécom prendre sa première mesure de « restructuration » (découvrez, vous aussi, ce nouveau vocabulaire …) pour améliorer la « rentabilité « du secteur.
* Mars 2011
Par édit de sa majesté ( et puis surtout vu que, c’est l’Ethiopie, que c’est loin, que tout le monde s’en fout, promis y’aura les pièces jaunes à Noel), et bien autant ne pas y aller de mains mortes : France Télécom licencie les deux-tiers du personnel, en supprimant 8,000 emplois.
Tant qu’à faire du bénéfice en toute impunité, autant que ce ne soit pas à moitié mes cochons…
Conclusion : Répétons-le en choeur : "oh oui, le FMI a vraiment changé sous la présidence Strauss-Kahn"… Il est d'ailleurs dommage que 8,000 éthiopiens n'aient pas suivit les envolées lyriques de cet homme au coeur pur sur leur téléviseur :
"Je suis le directeur général du FMI aujourd'hui et je ne suis que le directeur général du FMI.(...) Aujourd’hui au FMI, je m’occupe des problèmes des gens".
- Dominique Strauss-Kahn, dimanche 20 février.
Ils ont vraiment rater une belle occasion de se marrer.
Petit rappel en préambule pour comprendre la suite : non, contrairement à l’image qu’on a fait entrer dans les crânes à grand renfort de charity business à la Kouchner, l’Ethiopie n’est pas un pays « désertique remplis de crève-la-dalle », mais un pays qui, bien que restant "pauvre" , se voit attribuer des perspectives de « croissance » à deux chiffres depuis quelques années.
Ce qui en déroutant certains sachant que ce pays ne fait pas partie de l’OMC, et que le FMI n’y a pas (disons, pas encore) finis son sale boulot de sape qui consiste à vendre les services publics, les télécoms, les secteurs bancaires et d’assurance de la majeure partie de cette planète.
En aparté au passage : il ne s’agit absolument pas ici de faire l’éloge de Zenawi, une petite ordure par ailleurs qui sait très bien bâillonner l’opposition, faire tirer sur la foule, tout en obéissant au doigt et à l’œil au gouvernement des Etats-Unis lorsqu’il s’agit d’intervenir militairement chez son voisin somalien, comme l’a très récemment révélé Wikileaks.
Bref, de telles perspectives de croissance, ça ne pouvait pas laisser indifférent nos gentils amis de la finance qui ne manquent pas de faire des pieds et des mains depuis des années pour forcer ce pays à libéraliser les secteurs encore sous contrôle de l’Etat. (Mais voyons, petit couillon ! C’est le bonheur au bout du tunnel, qu’on t’ dit ! Promis… Enfin priomis après le nôtre, hein…)
Faut croire que les 10 milliards sorties de ce pays à travers les paradis fiscaux ça ne leur a visiblement pas suffit (Source : GFIP).
* Mars 2009-Mars 2010 : l'OMC et les Etats-Unis
Voilà, c’était le son de cloches des deux années précédentes : libéralisez ! Libéralisez ! Vous verrez après, justement on va voir…Le gouvernement des Etats-Unis recommande à l’Ethiopie de liberaliser ses services de télécommunications, bancaires et d’assurance afin d’attirer les fonds étrangers.
Dans un communiqué de presse envoyé par l’embassade américaine à notre site, http://www.newbusinessethiopia.com, le représentant US indique que le refus du gouvernement de libéraliser les services de télécommunications éthiopiens, bancaires et d’assurance empêche l’économie éthiopienne d’atteindre son plus haut potentiel et d’attirer les fonds d’investissement.
(…)
Rappelons qu’au mois de mars de l’année dernière, le représentant américain de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) avait déjà indiqué que l’Ethiopie devait libéraliser ces secteurs clés, l’Ethiopie a résisté à ces pressions en indiquant que la libéralisation de ces secteurs ne bénéficierait pas à l’Ethiopie ni au peuple d’Ethiopie)
(The United States government advised Ethiopia to liberalize its telecommunication, banking and insurance sectors to attract broad foreign investment.
In a press statement the U.S. Embassy sent to http://www.newbusinessethiopia.com, the U.S. representatives noted that government reluctance to liberalize Ethiopia’s telecommunications, insurance and banking sectors prevents the Ethiopian economy from reaching its full potential and attracting broad investment.
(…)
It is recalled that last year in March the U.S. representative to the World Trade Organization (WTO) has also noted that Ethiopia has to liberalize these key sectors. Meanwhile, Ethiopia has been resisting the pressure by indicating that liberalizing these sectors won’t benefit the economy and the people of Ethiopia. )
- Source : NewbusinessEthiopia, 10 Mars 2010
La résistance du petit village face au gouvernement américain et aux institutions financière, ça a duré un moment, jusqu’au jour où…
* Novembre 2010
... à force d’insister, voilà le premier pas : le pays décide de céder ses télécoms alors propriété de l’Etat.
Et, cocorico, oooh les chanceux ! C’est une entreprise française (remarquée ici pour son soucis permanent du bien-être de ses employés , surtout l’an dernier) qui remporte le juteux contrat.
« France Telecom participe au lancement officiel de la nouvelle société de télécommunications publique éthiopienne .
Le Conseil des Ministres éthiopien a adopté le 29 novembre 2010 le projet de loi portant création de la nouvelle société de télécommunications « Ethio Telecom Company », en remplacement d’« Ethiopian Telecommunication Corporation » qui disparait.
Cette opération est l’une des principales étapes prévues dans le contrat de management actuellement mis en œuvre par France Telecom.
France Telecom avait signé ce contrat auprès de l’opérateur public éthiopien en mars 2010. Ce contrat est d’une durée initiale de deux ans et d’un montant proche de vingt-cinq millions d’euros. »
- Source en anglais : Newsdire
- Source en français : Site de l'ambassade de France en Ethiopie
Ca y est, on y est, à deux pas le bonheur !
* Février 2011
Certains commencent à se demander à qui profitera cette manœuvre…
La décision de faire passer la direction d’ETC (Ethiopian Telecom ) entre les mains d’une compagnie étrangère a été décrite par de nombreux hommes politiques locaux comme un premier pas vers la libéralisation. Le monopole du gouvernement et le refus de libéraliser les secteurs des télécommunications était énormément critiqué par ses partenaires étrangers, notamment le FMI., la
Selon les termes du contrat, la compagnie française devrait introduire de nouvelles méthodes de managements pour réformer les opérations centrales de l’entreprise d’Etat, allant de la fourniture de service à la maintenance des infrastructures. France télécom devrait engranger d’important bénéfices en créant de nouveaux marchés.
(Ethiopia’s move to hand over the management of ETC to a foreign company has been described by many local politicians as a first step towards liberalisation. The Ethiopian government’s monopoly of, and refusal to liberalise, the telecoms sector was widely criticized by many of its foreign partners, including the IMF.
According to the terms of the deal, the French firm will introduce new schemes to reform the state run telecom’s core operations, ranging from service provision to infrastructural maintenance. France telecom is also expected to earn the ETC huge revenues by creating new markets.)
- Source : Desalegn Sisay, ”Ethiopia: France Telecom wins bid to reform Ethiopia Telecom”, 7 février 2011
Et puis…
il n’aura pas fallu longtemps avant de comprendre ce qui signifiait libéraliser les télécoms. Il aura fallu à peine 4 mois pour voir France Télécom prendre sa première mesure de « restructuration » (découvrez, vous aussi, ce nouveau vocabulaire …) pour améliorer la « rentabilité « du secteur.
* Mars 2011
Par édit de sa majesté ( et puis surtout vu que, c’est l’Ethiopie, que c’est loin, que tout le monde s’en fout, promis y’aura les pièces jaunes à Noel), et bien autant ne pas y aller de mains mortes : France Télécom licencie les deux-tiers du personnel, en supprimant 8,000 emplois.
Tant qu’à faire du bénéfice en toute impunité, autant que ce ne soit pas à moitié mes cochons…
Le géant des telecommunications France Télécom et le gouvernement éthiopiens sont impliqués dans un litige concernant la décision de supprimer 8,000 emplois à Ethio Télécom dans une offre de restructuration de l’entreprise d’Etat.
(French telecommunications giant, France Telecom, and the Ethiopian government are involved in a dispute following a decision to cut 8,000 jobs at Ethio Telecom in a bid to restructure the state-owned company.)
- Source : DailyEthiopia - Ethiopia: No hope for Ethio Telecom employees? 3 Mars 2011
Conclusion : Répétons-le en choeur : "oh oui, le FMI a vraiment changé sous la présidence Strauss-Kahn"… Il est d'ailleurs dommage que 8,000 éthiopiens n'aient pas suivit les envolées lyriques de cet homme au coeur pur sur leur téléviseur :
"Je suis le directeur général du FMI aujourd'hui et je ne suis que le directeur général du FMI.(...) Aujourd’hui au FMI, je m’occupe des problèmes des gens".
- Dominique Strauss-Kahn, dimanche 20 février.
Ils ont vraiment rater une belle occasion de se marrer.
Re: Le FMI et DSK par la pratique : l'Ethiopie et France Télécom
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